Problèmes économiques n 3038 : Mondialisation, un mythe ? / Economie Finance
Problèmes économiques n° 3038 : Mondialisation, un mythe ? est une revue collective, éditée en février 2012 aux éditions La Documentation française. La crise met-elle en péril la mondialisation ? Financial Times / Gideon Rachman. Depuis 2008, le monde est confronté à la crise la plus grave depuis la Grande Dépressiondes années 1930. Mais contrairement à ce que l'on pouvait craindre, nous n'avons pas assisté jusque-là à un retour du protectionnisme.
Le processus de mondialisation à l'oeuvre depuis trois décennies demeure solide. Toutefois, dans les économies avancées, la critique de la mondialisation rejailli avec vigueur, y compris dans les discours des responsables politiques. Confrontés à des niveaux de chômage qui atteignent des records ou à la crise des dettes souveraines, les pays du Nord - qui sont de plus en plus mal à l'aise avec le « nouvel ordre économique mondial » né de l'Après-Guerre froide - se sentent aujourd'hui particulièrement fragilisés face aux puissances émergentes qui ont été beaucoup moins affectées par la crise et ont rapidement renoué avec la croissance.
Pourquoi la mondialisation est réversible
Alternatives économiques
Sandra Moatti
La crise de 2008 amontré à la fois l'intensité et la vulnérabilité de la mondialisation. A partir de l'automne 2008, la crise s'est en effet, en raison de l'interdépendance des économies, diffusée avec une extrême rapidité. Le repli du commerce mondial a été spectaculaire : les exportations mondiales chutaient brutalement de 40 % en quelques mois, tandis que les flux d'investissements directs étrangers (IDE) diminuaient de près de moitié entre 2007 et 2009. Mais dès 2010, les échanges commerciaux ont rapidement retrouvé leur rythme antérieur. La thèse selon laquelle la crise provoquerait l'amorce d'une « démondialisation » a ainsi été finalement invalidée. Trois facteurs pourraient cependant à l'avenir inverser le processus engagé dans les années 1980 : l'évolution des coûts de transport, le rééquilibrage des avantages comparatifs et les orientations politiques dans les pays du Nord.
Le monde n'est pas plat !
BloombergView
Pankaj Ghemawat
En 2006, un éditorialiste du New York Times, Thomas Friedman, connut un succès phénoménal avec la publication d'un essai consacré à la mondialisation intitulé La Terre est plate. Cet ouvrage, qui a marqué les esprits, montrait qu'avec la globalisation, les différences séparant les peuples et les nations s'étaient peu à peu aplanies pour donner naissance à un monde de plus en plus homogène tant sur le plan culturel qu'économique. Pankaj Ghemawat, professeur à l'IESE Business School de Barcelone, compile, de son côté, depuis plus d'une décennie des données sur l'intégration économique des Etats. Et ce qu'il décrit ne confirme pas la thèse de l'ouvrage de Thomas Friedman. Nous vivrions plutôt une ère de semi-mondialisation. Dans World 3.0, ouvrage publié en 2011, il montre, en effet, à l'aide d'une avalanche de statistiques, que les niveaux d'intégration entre Etats sont très largement surestimés et qu'a contrario, l'impact des différences qui séparent encore les nations est nettement sous-estimé.
Peut-on domestiquer la mondialisation ?
L'Economie politique
Roger Guesnerie
Les inquiétudes que soulève aujourd'hui la mondialisation - qui met en contact les économies du Nord et celles du Sud - sont telles que d'aucuns appellent de leurs voeux l'amorce urgente d'un processus de démondialisation, en particulier dans les pays riches. La science économique qui a produit plusieurs théories (Ricardo, Stopler-Samuelson, etc.) sur les effets du commerce entre nations - en termes de gagnants et de perdants - mais également l'histoire, peuvent nous permettre de mieux comprendre les enjeux et les défis soulevés par la mondialisation et ainsi nous éclairer à plus long terme sur les méfaits et bienfaits de ce processus.
La mondialisation est-elle coupable ?
Alternatives économiques
Débat entre Daniel Cohen et Jacques Sapir
La mondialisation est rendue responsable, par ses nombreux détracteurs, des maux les plus graves dont souffrent aujourd'hui certaines économies avancées comme la désindustrialisation, la montée du chômage et des inégalités ou la planète, dans son ensemble, comme dans le cas de la crise écologique. Sur ces questions, les avis des économistes divergent. Daniel Cohen et Jacques Sapir, qui s'opposent sur l'analyse des problèmes, avancent chacun des arguments contrastés et éclairent un débat, qui, avec le basculement du centre de gravité de l'économie mondiale vers l'Asie, est sans doute appelé à se perpétrer dans les années à venir.
Le temps de l'hypercompétition
Géoéconomie
Didier Lucas
Le XIXe siècle a été celui de la Grande-Bretagne et de l'Allemagne, le XXe siècle fut américain. Le siècle en cours verra l'affirmation de la Chine et de l'Inde. La mondialisation, envisagée pour assurer la stabilité politique, pour instaurer un équilibre des forces, pour favoriser les échanges entre les pays du Nord et du Sud, a paradoxalement relancé la dynamique des rapports de force entre nations. La crise, en fragilisant les économies avancées, a accéléré l'affirmation sur la scène internationale des économies émergentes comme la Chine, l'Inde ou le Brésil. Le quatrième temps (juridique et normatif) de la mondialisation pourrait être, selon l'auteur, celui de la relance des stratégies de puissance pour la conquête du monde. Il semble ainsi aujourd'hui évident qu'un rééquilibrage des rapports de force au sein des organisations internationales, sous peine de voir émerger des organisations régionales concurrentes, soit devenu inévitable.
Mondialisation ou asiatisation du monde ?
Sciences Humaines
Nayan Chanda
La mondialisation est, dans l'esprit de ses partisans comme de ses détracteurs, synonyme d'américanisation. Nayan Chanda présente une thèse audacieuse et quelque peu différente : selon lui, la mondialisation est tout d'abord un processus lent qui s'étend au fil d'un réseau d'interconnexions croissantes de la sortie d'Afrique des premiers Homo sapiens à la globalisation que nous vivons aujourd'hui. Il rappelle ensuite que, du début de l'ère chrétienne à 1800, comme le montre les calculs d'Angus Maddison, la Chine et l'Inde comptaient pour 50 % du produit national brut mondial. Après une éclipse de plusieurs siècles, ces puissances de l'Orient retrouvent peu à peu leur rang, au point de devenir les grandes puissances de demain dont l'influence et le poids ne cesseront de grandir, entraînant ainsi l'asiatisation du monde.
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